Les légendes donnent du sens à l’espace et au temps mais aussi à tout objet étrange existant sur un territoire limité. Pour se construire, elle emprunte des motifs et des récits aux autres genres de la littérature orale mais les localise et leur donne des bases matérielles.

Légende : mot fabriqué au XIIème siècle sur le latin médiéval Legenda, avec le sens de ce qui doit être lu.

Dans les années 1190, le mot a le sens de vie de saint (en particulier celle du saint du jour que l’on devait lire dans les couvents à l’office des matines et au réfectoire) par la suite, le mot a désigné un récit merveilleux survenu au Moyen-Âge, voire tout récit merveilleux ou populaire se référant à un passé plus ou moins lointain et supposé authentique. L’historien Michelet qui, pour la première fois (dans son histoire de la Révolution française 1853) utilisa le terme de légende avec la valeur de représentation déformée de faits ou de personages réels. Arnold Van Gennep  consacre un petit livre à « La formation des légendes » donne la définition suivante « … on entendra par légende un récit localisé individualisé et objet de croyance et par mythe une légende en relation avec le monde surnaturel et qui se traduit en acte par des rites ».

Marcel Mauss critique la définition de Van Gennep et affirme que pour lui la légende  » a toujours quelque caractère historique … , elle s’oppose aux contes qui sont en dehors du temps comme de l’espace, et aux mythes dont les personnages sont éternels, c’est-à-dire au-dessus du temps ». François Delpech au terme d’un colloque consacré à la légende concluait que ce type de récit apparaît « comme une narration de forme variable, localisée dans un paysage reconnaissable, ou référée à une géographie connue, située dans un temps, plus ou moins passé, généralement intermédiaire entre le temps mythique des origines et le temps vécu de la performance, individualisée quant aux acteurs, lesquels se rattachent toujours, d’une manière ou d’une autre, à une société et à une histoire marquées d’un certain coefficient de réalité et de contingence… »

Fonctions

La légende met en scène des personnages censés avoir existé, en des lieux dont le nom attesterait de l’ancienneté et de la vérité des faits racontés, mais peut aussi reprendre fidèlement un conte connu et le rattacher à un lieu ou un personnage ayant existé. (Exp. La fille aux mains coupées T.706 en Alsace).
Elle semble organisée par le récit le temps et l’espace d’une communauté vivant sur d’un territoire délimité. Elle peut aussi prévenir des dangers réels de ce territoire ou donner des images concrètes à des objets, des événements espaces non représentables (intérieur d’une grotte, combat historique, pont construit de façon périlleuse…).
Elle est créatrice de monstres et propage l’imaginaire des fées et des lutins et de vies marginales qui expliquent souvent l’inexplicable.

Les différentes composantes du légendaire : (un exemple parmi d’autres)

I . Des faits historiques aux récits légendaires

  • Les légendes relatant des événements historiques
  • Les légendes relatant des faits dramatiques et des faits divers
  • Noyades tragiques – Meurtres et drames

II . Survivances mythologiques

  • Les divinités et créatures mythiques pré-chrétiennes
  • Le géant Gargantua – La déesse Mélusine – Les fées – Les farfadets – Les druides
  • Le bestiaire fantastique
  • Les animaux fabuleux – Animaux réels dans un rôle mythique
  • Les légendes lithologiques
  • Dolmens, menhirs et roches
  • Les pas et le culte des pierres
  • Pierres rituelles diverses
  • Souterrains et trésors

III . Les légendes hagiographiques, dévotions et saints guérisseurs

  • Récits merveilleux de la vie des saints et prodiges diaboliques
  • La légende dorée
  • Diableries et vengeances divines
  • Récits merveilleux de la vie des Saints
  • Les Saints bénéfiques et les saints guérisseurs
  • Fontaines légendaires et fontaines curatives
  • Croix votives, lieux de pèlerinages et sanctuaires de dévotions.

IV . Les légendes contemporaines

  • Avion fantôme
  • Ovni
  • Animaux dangereux en liberté
  • Dame blanche…

Pour aller plus loin

Partie 1

Partie 2

Écoutez la conférence « Les légendes, des histoires pour comprendre nos territoires » par Marc Aubaret (2008, Alès)

Étymologiquement, la légende désigne ce qui doit être lu. Mais elle est beaucoup plus ancienne que l’écriture et la lecture. Ses fonctions premières sont d’ailleurs souvent beaucoup plus pragmatiques qu’on ne le dit. Au cours de cette conférence, nous explorerons les diverses for- mes de récit (toponymique, historique…) permettant d’éclairer les fonctions de ce genre. Au travers d’exemples, nous tenterons de comprendre son évolution jusqu’à aujourd’hui.

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