ConteLe Lion et la Souris

Le Lion et la Souris

On rapporte qu’un lion se trouvait dans une caverne pour y chercher le sommeil. Une petite souris vint dans son voisinage : elle était mince de corps, aussi petite qu’un œuf. Le lion s’éveilla et s’empara d’elle. La souris lui dit :

  • Oh toi qui es maître, seigneur lion, si tu me mange, tu seras pas rassasié, et si tu me laisse aller, tu n’en auras  pas plus faim. Si tu me donne la liberté, je te délivrerai un jour de ce qui t’attend. Si tu me laisses libre ce sera pour ton salut, car je te tirerai d’un pas difficile.

Le lion sourit et dit :

  • Que peux-tu faire pour moi ? Y a-t-il sur la terre quelqu’un qui puisse détruire mon corps ?

Elle prêta serment devant sa face et lui dit :

  • Je te tirerai d’une situation difficile, au jour funeste qui arrivera.

Le lion réfléchit à ce que  la souris lui avait dit ; il examina la chose en lui-même et dit :

  • Si je te mange, en vérité je ne serai pas rassasié.

Il la laissa  aller. Peu après, il arriva qu’un chasseur donna la chasse au lion jusque sous un palmier, de sorte qu’il avait creusé un trou devant le lion. Celui-ci y tomba. Il était vaincu par la main de l’homme : on le porta jusqu’au palmier, on l’attacha avec des courroies sèches, et ainsi, il demeura en face de la montagne. Il était triste. Lorsque la nuit arriva, le puissant animal réalisa la justesse des paroles de la souris.

Quelques minutes plus tard, La petite souris arriva devant lui et lui dit :

  • Ma reconnais-tu ? Je suis la petite souris à qui tu as donné la liberté. Aujourd’hui, je te délivrerai de la situation difficile où t’ont mis la force par laquelle tu t’es laissé prendre. Un bienfait réussit toujours à auteur.

La souris approcha sa bouche des liens du lion : elle rongea les courroies sèches ; elle déchira les courroies humides qui le retenaient.

Le lion fut délivré de ses liens ; il cacha la souris dans sa crinière et s’en alla avec elle ce jour-là dans la montagne.

Conte Égyptien, traduit  du Papyrus de Leiden,  d’après Brugsch. 1878.

 

Version d’une fable de La Fontaine, que vous avez surement entendu ou lu et qui remet un peu en question la part créative de nos célébrités littéraires.

Source: Contes populaires d’Afrique, René Basset, E.Guilmoto Editeur, 1903, p.1-3