Le CMLO a travaillé sur les mémoires locales du bassin alesien : de l’histoire des mines aux mémoires de mineurs et des migrations

Mémoires de mineurs, des migrations et histoire des mines

Le CMLO, au cours de son activité, a organisé une exposition sur l’activité minière du bassin alesien dans le cadre du projet « Mémoires à Partager ».

Elle était destinée à solliciter la parole de ceux et celles qui ont vécu l’histoire de l’immigration dans le Bassin Houiller des Cévennes.
Différents matériaux (photographies d’époque, témoignages et collectes, cartes postales, documents et archives de l’École des Mines) ont été organisés pour fournir la base des échanges mémoriaux concernant cette période marquante de l’histoire cévenole.

 Les enjeux de la transmission orale dans une situation interculturelle

Depuis la moitié du XIX° siècle, le Bassin Houiller des Cévennes a connu plusieurs immigrations. Les apports qualitatifs de ces immigrations successives

et leur influence sur la réalité anthropologique et ethnologique de ce territoire industriel ont été au cœur d’un travail de recherche mené par le CMLO de 2000 à 2008.

À travers l’étude des interactions verbales, reflets des représentations sociales, l’objectif était de comprendre comment une dynamique multiculturelle et interculturelle participe à la constitution d’une « mémoire collective » en permanente mutation.
Afin d’explorer la complexité des interactions en jeu, l’équipe du CMLO a programmé sa recherche sur un temps long.

Élaborée autour du projet «Mémoires à partager » qui a été mis en place en 2001, la première phase a permis d’envisager le territoire dans ses dimensions diachroniques et multiculturelles. Au cours de cette phase, a également été fait un premier point sur la réalité des transmissions mémorielles au sein des familles ayant un parcours migratoire.
Puis, en 2004, une deuxième phase du projet s’est réalisée en relation avec les habitants du bassin. Une trentaine de partenaires locaux (associations, artistes, acteurs sociaux, journalistes…), les institutions ainsi que de nombreux individus ont, pendant 17 jours, participé à ce projet. Celui-ci était composé de rencontres, de spectacles, d’expositions …qui interrogeaient de façon sensible les problématiques. Cette phase a notamment été l’occasion pour les populations locales de prendre connaissance de cette recherche.

Une troisième phase, entre 2005 et 2006, a été le moment d’un questionnement sur les moyens de ramener cette action culturelle et artistique à des champs méthodologiques. Pour y répondre, un séminaire d’études a été envisagé avec pour objectif de soumettre les particularités locales repérées lors des premières années à des analyses méthodologiques et d’en tirer une cohérence plus globale.
La réalisation de ce séminaire d’études

a constitué la quatrième phase du projet général. Composé de 44 journées de travail collectif réparties sur deux ans (à raison de deux jours par mois), il a été introduit en avril 2006 par un premier colloque d’orientation et se terminera en septembre 2008 par une journée consacrée à la préparation du colloque d’octobre 2008.

Un deuxième colloque a amorcé une cinquième phase, celle de la restitution. L’objectif est double : d’une part débattre des orientations les plus propices pour créer une exploitation scientifique des données recueillies, d’autre part envisager des applications locales et régionales à partir des résultats de cette recherche.

La mémoire orale dans le bassin d'Alès

Chronologie

Histoire de l’immigration  dans le bassin houiller des Cévennes 1835 -1919

 

Ces collectes sont effectuées par des stagiaires dans l’objectif d’acquérir les bases d’une technique d’enquête et une expérience de terrain. Les thématiques sont choisie par les stagiaires et doivent obligatoirement se réaliser sur un terrain limité au nord du Gard et au Sud Est de la Lozère.  La qualité de ses collectes est variable, mais permet malgré tout  de mieux cerner le territoire et de conserver des témoignages parfois riches d’informations.

Ces collectes ne sont pas exploitables en publication sans les autorisations écrites des informateurs et des collecteurs. Les informateurs ne sont indiqués que par leur prénom ou parfois par des prénoms factices.

Repères internationaux et nationaux

– 1830
Prise d’’Alger
par les Français,
début de la colonisation

– 1840
Crise du charbon
dans le Borinage Belge

– 1911-1912
Essor rapide
nationale
=
besoin important
de charbon
et donc
de main-d’’oeuvre

– 1914-1918
La Grande Guerre.
Besoin de main-d’’oeuvre
pour compenser
les absences et plus tard
les morts.

Création par le gouvernement
du service de la main-d’’oeuvre
étrangère.
Elaboration de contrat type
(salaire, durée, social …)

– 1919
Convention pour le recrutement
de main-d’’oeuvre étrangère avec
la Pologne,
l’’Italie,
la Tchécoslovaquie
(initiative interministérielle
appuyée par les
chambres syndicales
et les conseils d’’administration)

Histoire des mines

1836
Le 10 Mai : Création de la Cie des Mines de La Grand’’Combe et des chemins de fer du Gard par P. Talabot

– 1840
Arrivée d’une main-d’œuvre qualifiée Piémontaise et Forézienne

– 1842
Arrivée de mineurs de Saône-et-Loire

– 1846
Arrivée de mineurs de la Mûre (Isère)

– 1847

Arrivée d’’une main-d’’oeuvre qualifiée Belge

– 1850
En Novembre : grève pour exiger le renvoi des ouvriers Piémontais

– 1910
Seulement 50 ouvriers étrangers dans le Bassin Houiller du Gard

– 1912
0,7% de la population de l’arrondissement d’Alès est étrangère, soit 938 personnes

– 1913
357 ouvriers étrangers : 56 Algériens, 227 Espagnols, 38 Grecs, 30 Italiens.
Rochebelle est la première mine à employer des étrangers en nombre : 277 étrangers  dont  153 Espagnols

– 1914
A Rochebelle, 340 mineurs doivent partir à la guerre, à la Grand’’Combe 1476 mineurs (les plus jeunes) prennent le chemin du front (304 y seront tués)

– 1916
Construction de camps pour loger les réfugiés (Camps des Nonnes) à la Grand’Combe.                                                           1200 prisonniers allemands remplacent les hommes partis au front

– 1918

Présence de 7900 réfugiés dans l’arrondissement d’Alès

– 1919

Présence de 6599 réfugiés dans l’arrondissement d’Alès

Histoire locale

     15 Juin :
Inauguration de la voie ferrée
Nîmes-Beaucaire

– 1841
10 Août :
Le tronçon ferroviaire
Nimes-la Grand’Combe, la Pise
est livré à l’exploitation.

– 1846
La Grand’’Combe est érigée
en commune

– 1848
Agitation et grève à la Grand’Combe

– 1846-1866
Le nombre des mineurs passe de 2000 à 7500

– 1851
62,5% des paysans cévenols ont assez de terre pour vivre,
12% n’en n’ont pas assez et travaillent
à l’occasion pour d’autres propriétaires,
20,5% sont ouvriers agricoles mais ne souhaitent pas travailler à la mine.
La direction des Mines étant d’obédience catholique
se méfie des protestants et ne recrute que dans les terres
catholiques.

La Grand’Combe est érigée en chef-lieu de canton.

Inondation soudaine des mines de Lalle :
105 morts

– 1865-1868
Construction de l’église de la Grand’Combe
par la Cie des Mines

– 1890
Grève générale dans les mines :
701 renvois

– 1891
Les mines emploient 4630 ouvriers.

– 1896
24 mineurs tués
à la suite d’un coup de grisou
(Fontanes-Rochebelle )

– 1896-1897
Grève à  Rochebelle et à la Grand’Combe :
1246 licenciements.

>– 1902
Octobre :
grève générale dans les mines :
288 licenciements.


– 1911
La Grand’Combe:
8030 habitants

– 1912
24 morts suite à un dégagement instantané
au puits n°1 de St-Martin-de-Valgalgues.

– 1914
Grève générale des mineurs.
Acquis sur les retraites.
Mobilisation générale.

Malgré les conventions passées
par les gouvernements,les compagnies résistent
et évitent l’embauche de main-d’œuvre étrangère.

Mineurs dans les Cévennes : une mémoire collectée au CMLO

Chronologie

Histoire de l’immigration  dans le bassin houiller des Cévennes 1920-1950

 

Ces collectes sont effectuées par des stagiaires dans l’objectif d’acquérir les bases d’une technique d’enquête et une expérience de terrain. Les thématiques sont choisie par les stagiaires et doivent obligatoirement se réaliser sur un terrain limité au nord du Gard et au Sud Est de la Lozère.  La qualité de ses collectes est variable, mais permet malgré tout  de mieux cerner le territoire et de conserver des témoignages parfois riches d’informations.

Ces collectes ne sont pas exploitables en publication sans les autorisations écrites des informateurs et des collecteurs. Les informateurs ne sont indiqués que par leur prénom ou parfois par des prénoms factices.

Repères internationaux et nationaux

– 1936
Début de la guerre civile en Espagne

Les brigades internationales

Front Populaire en France

– 1939
L’’armée Allemande occupe la Tchécoslovaquie

Alliance Militaire Italo-Allemande

L’’armée Allemande occupe la Pologne

Exil massif des Espagnols
Camps” dans le Sud Ouest de la Fance

La France entre dans la deuxième guerre mondiale

– 1940
L’’armée Allemande envahit la Belgique
le Luxembourg et la zone nord de la France

Signature de l’’Armistice avec l’’Allemagne

– 1942
11 Novembre : L’’armée Allemande
occupe la “Zone-Libre”

– 1943
Constitution du Conseil national
de la Résistance

– 1944
6 Juin. Débarquement allié en Normandie

– 1945
8 Mai. Capitulation générale
des armées Allemandes

– 1946
24-26 Avril Nationalisation des Houillères

– 1947
Loi du 20 Septembre 1947.
Les Algériens sont français de plein droit

Histoire des mines

– 1920-1926
A la Grand’Combe, préférence à la main-d’œuvre étrangère méditerranéenne et européenne : 805 Espagnols de Murcie, 766 Italiens de Sicile, 70 Grecs, 903 Polonais

– 1926
Rochebelle : 266 Espagnols, Saint-Martin-de-Valgalgues : 76 Espagnols, Trélys : 343 Polonais

– 1930
Le contingent Polonais culmine à 1887 avant de diminuer du fait de la crise et de la pression des pouvoirs publics

– 1934
Près de 500 Tchécoslovaques dans le Bassin

– 1935
Le Bassin ne compte plus que 436 Espagnols et 542 Italiens
Certains Italiens partis en congés ne peuvent revenir en France
Les Mines par conséquent se tournent de plus en plus vers les pays de l’’Est
2010 mineurs étrangers sur 3066 viennent des pays de l’’Est

– 1936-1940
1930 étrangers supplémentaires. Les ouvriers non spécialisés sont recrutés en Afrique du Nord (1240 ouvriers sont recrutés durant cette période). Les mineurs déjà expérimentés chez les Européens (essentiellement Espagnols) et recrutés entre 1939-1940 dans les camps d’hébergement”t du Sud-Ouest (env. 1000 ouvriers)

Histoire locale

– 1921
La Grand’Combe 6368 habitants

– 1927-1935
Période difficile pour
les charbonnages locaux.
Stagnation globale des effectifs.
Recrutement préférenciel
de la main d’’oeuvre
étrangère
sur les pays de l’’Est

– 1936
Mise en service
du puit Ricard

– 1936-1937
Les compagnies doivent
augmenter rapidement
leur production

– 1942
Grève dans le Bassin Houiller.
69 arrestations

– 1943
Manifestations de ménagères
contre les difficultés
de ravitaillement

– 1944
Grève générale patriotique
dans les mines Cévenoles.
Août, libération de la région

– 1946
Nationalisation des mines
de charbon.
Les Houillères du Bassin
des Cévennes regroupent
les exploitations de l’’Hérault
et du Gard (20200 ouvriers )

– 1950
Mise en service
du puit Destival

Mineurs dans les Cévennes : une mémoire collectée au CMLO

Chronologie

Histoire de l’immigration  dans le bassin houiller des Cévennes 1951-2001

 

Ces collectes sont effectuées par des stagiaires dans l’objectif d’acquérir les bases d’une technique d’enquête et une expérience de terrain. Les thématiques sont choisie par les stagiaires et doivent obligatoirement se réaliser sur un terrain limité au nord du Gard et au Sud Est de la Lozère.  La qualité de ses collectes est variable, mais permet malgré tout  de mieux cerner le territoire et de conserver des témoignages parfois riches d’informations.

Ces collectes ne sont pas exploitables en publication sans les autorisations écrites des informateurs et des collecteurs. Les informateurs ne sont indiqués que par leur prénom ou parfois par des prénoms factices.

Repères internationaux et nationaux

– 1950-1960
Les grandes mutations de la Turquie
ruinent les petits paysans qui partent pour l’’Europe

– 1954
Novembre
Début de la guerre d’’Algérie. Le regroupement de la population
paysanne par l’’armée Française,  l’’abandon total ou partiel
des terres cultivées poussent au départ

– 1962
Indépendance de l’’Algérie.
Un million de Français en Algérie.

Du 1er septembre au 15 novembre,
91 744 Algériens arrivent sur le territoire Français
et 45 043 en sortent :  il reste alors
46 000 Algériens  en France.

– 1961
27 octobre
Massacre au cœur de Paris
Plusieurs centaines de victimes

– 1964
Encore 40 000 “Pieds Noirs” en Algérie

– 1974
Plan d’’incitation au retour vers le Mali,
le Sénégal, l’’Algérie et la Tunisie

– 1977
Aide financière au retour

– 1983
Plus que 8 000 “Pieds Noirs”  en Algérie

– 1973
20 septembre
Le président Boumediène suspend toute immigration
vers la France

Histoire des mines

– 1952
Le 31 mars 1952, l’’effectif total du bassin des Cévennes était de 19371 ouvriers. Il comprenait :
14935 Français de métropole, 2078 Nord-Africains, 910 Espagnols,  633 Polonais, 566 Italiens, 87 Tchécoslovaques, 66 Allemands (ou Sarrois), 36 Yougoslaves et 61 personnes de nationalités diverses.

– 1954
Environ 2700-2800 musulmans dans le Bassin Houiller dont : 425 femmes parmi lesquelles 110 exercent un emploi professionnel, 1143 d’entre eux ont entre 25 et 34 ans.

– 1982
1219 étrangers à La Grand’’Combe :
Allemands : 3 – Belges : 7 – Britanniques : 1 – Espagnols : 83 – Italiens : 77 – Portugais : 29 – Marocains : 20 – Polonais : 27 – Suisse :1 – Algériens : 921 – Tchècoslovaques : 8 – Turcs : 32 – Yougoslaves : 5 – Soviétique : 1 – Américain :1 – Grec : 1 – Hongrois : 2  – Laotien :1

– 1990
908 étrangers à La Grand’Combe :
Allemands : 6 – Belge :1 – Espagnols : 41 – Italiens : 48 – Portugais :16 – Marocains : 96 – Polonais : 6 – Suisse :1 – Tunisien : 1 – Algériens : 506 – Malgache : 1 – Tchècoslovaques : 4 – Turcs : 161 – Yougoslaves : 4  –  + 16 réfugiés.

– 1998
859 étrangers recencés à la Grand’’Combe :
Espagnols : 20 – Italiens : 29 – Allemands : 5 – Belges : 7 – Yougoslaves : 3 – Tchécoslovaques : 9 – Portugais : 10 – Bulgare : 1 – Syrien : 1 – Egyptien :1 – Marocains :140 – Turcs : 226 – Algériens : 407

Histoire locale

– 1954
Alès : 36 893 habitants
La Grand’Combe : 14565 habitants

– 1960
La fermeture de l’’ensemble des puits
est envisagée par les charbonnages de France

– 1975
Destruction du puit moderne
de Saint-Florent-sur Auzonnet

– 1980
Décision de fermer le puits Destival :
occupation du fond par les mineurs

– 1981
Le gouvernement donne
le feu vert aux travaux
de reconnaissance du gisement
de Ladrecht.
Les mineurs reprennent le travail

– 1985
Arrêt de l’’exploitation
de fond en Cévennes

– 2001
Janvier
Fermeture définitive
de toute extraction
de charbon en Cévennes

Pour aller plus loin

Ginouvès Véronique, « La sauvegarde du patrimoine immatériel sonore: quelles perspectives pour les phonothèques de l’oral à l’heure de la dématérialisation des contenus? », p. 13. Download
Julien-Da Cruz Lima Aude, 2020, " Les " archives sonores " du CNRS et du musée de l'Homme ", Bulletin de l'AFAS. Sonorités, 4 mai 2020, no 46, p. 60‑85.
Le Draoullec Ludovic, 2006, " L'utilisation des corpus oraux à des fins culturelles : quels contrats mettre en œuvre ? ", Bulletin de l'AFAS. Sonorités, 1 juin 2006, vol. 29, no 29.
Marcadé Claire, Guinard Bernard, Coulais Stéphanie, Davy Yvon, Desgrugillers Eric, Gasnault François, Ginouvès Véronique, Marcotte Pierre, O'Sullivan Mikaël, Ramel Jean-Luc, Sarrat Gwenaëlle et Thomas Laura, 2014, " Patrimoine culturel immatériel. Traitement documentaire des archives sonores inédites. Guide des bonnes pratiques. ", 2014, p. 82. Download
Simonnot Joséphine, 2011, " TELEMETA, un projet Web pour les archives sonores de la recherche ", Bulletin de l'AFAS. Sonorités, 30 mai 2011, vol. 36, no 36. Download
Sin Blima-Barru Martine, 2020, " Les enregistrements sonores du musée national des Arts et Traditions populaires aux Archives nationales ", Bulletin de l'AFAS. Sonorités, 4 mai 2020, no 46, p. 30‑43.
Stéphan Lena, 2013, Les archives sonores : conservation et valorisation du patrimoine oral, Master 2 Archives Numériques, Enssib, Lyon, 93 p.
Guide d’analyse documentaire du son inédit: pour la mise en place de banques de données, 2001, Saint-Jouin-de-Milly; Paris, Modal ; AFAS. Download

Un monde sans merveilleux est un monde mort.

« Si durant toute sa vie l’homme devait s’en tenir au connu, rester limité au petit groupe de phénomènes qu’il sait, par éducation et atavisme, relier entre eux et constituer en un réseau de relations, ce filet purement utilitaire ne pourrait manquer de devenir un piège d’ennui, une prison sans désirs dans laquelle il serait condamné à pourrir enchaîné, entre le pain noir et l’eau croupie de la logique. »
Michel Leiris, Le Merveilleux, Didier Duvillez Éditeur, 2000