Le processus de constitution de soi dans les contes

« (…) de nombreux contes tournent autour des processus de constitution de soi, tout en associant cette question à des enjeux de reconnaissance. Ces enjeux, ils les situent dans le contexte de situations fondamentales de la condition humaine et dans un parcours de vie.

Sur un mode qui n’est évidemment pas conceptualisé, mais qui n’est pas pour autant sans rigueur, les contes articulent ces enjeux de reconnaissance, les distinguent les uns des autres et les examinent sous plusieurs angles.

Les contes n’appartiennent pas à la noblesse. Je veux dire que dans leurs veines ne coule pas le sang bleu de la tradition écrite occidentale. Les contes sur lesquels j’ai travaillé ont beau, pour la plupart, avoir été recueillis en Europe, le témoignage qu’ils apportent sur la condition humaine est certainement plus proche des cultures non européennes que de la pensée savante occidentale. Or le danger qui menace celle-ci (comme toutes les noblesses), c’est une endogamie excessive. Il vient un moment où, pour penser autrement – pour s’arracher à des partis pris qui ont fini par passer pour des évidences –, il faut éviter de penser toujours entre gens du même monde et se résoudre à quelques mésalliances : aller chercher un sang neuf dans des productions de l’esprit humain que l’on avait jusqu’à présent regardées comme des curiosités exotiques ou des formes inférieures de pensée.

Un double fil, donc, fait d’un enchaînement de récits et d’un enchaînement de réflexions, le fil des pensées cherchant à rejoindre l’activité mentale sous-jacente aux contes, à s’y joindre, à coïncider avec l’ordre qui est sous-jacent au réseau d’affinités que les contes entretiennent les uns avec les autres(….) »

 

Nous pouvons lire cette réflexion et bien d’autres encore dans cet intéressant article :

Flahault François, 2004, " Identité et reconnaissance dans les contes ", Revue du MAUSS, 2004, vol. 23, no 1, p. 31‑56.