Légende albanaise • Le château de Rozafa

L’histoire raconte l’initiative de trois frères qui se sont installés pour construire un château. Ils ont travaillé toute la journée, mais les murs de fondation se sont effondrés la nuit. Ils ont rencontré un vieil homme sage qui semblait connaître la solution à leur problème leur demandant s’ils étaient mariés. Lorsque les trois frères ont répondu positivement, le vieil homme a dit :

Si vous voulez vraiment finir le château, vous devez jurer de ne jamais rien dire à vos femmes ce que je vais vous dire maintenant. La femme qui t’apporte ta nourriture demain tu devras l’enterrer vivante dans le mur du château. Ce n’est qu’alors que les fondations resteront en place et dureront éternellement.

Les trois frères ont juré sur besa (gage d’honneur) de ne pas parler à leurs femmes de ce qui s’est passé. Cependant les deux frères aînés ont rompu leur promesse et ont tranquillement tout dit à leurs femmes, tandis que le plus jeune frère, honnête, a gardé sa besa et n’a rien dit. La mère des trois frères ne savait rien de leur accord, et alors que le lendemain après-midi à l’heure du déjeuner, elle demanda à ses belles-filles d’apporter le déjeuner aux ouvriers, deux d’entre elles refusèrent sous prétexte. Les frères attendaient avec impatience de voir quelle femme portait le panier de nourriture. C’est Rozafa, la femme du plus jeune frère, qui a laissé son plus jeune fils à la maison. Amer, le plus jeune des frères lui expliqua quel était l’accord, qu’elle devait être sacrifiée et enterrée dans le mur du château pour qu’ils puissent finir de la construire, et elle ne protesta pas mais, inquiète pour son fils en bas âge, elle a accepté d’être enfermée et a fait une demande :

Je n’ai qu’une demande à faire. Quand tu me mures, laisse un trou pour mon œil droit, pour ma main droite, pour mon pied droit et pour mon sein droit. J’ai un petit fils. Quand il se mettra à pleurer, je le réconforterai avec mon œil droit, je le réconforterai avec ma main droite, je l’endormirai avec mon pied droit et le sèvrerai avec mon sein droit. Que ma poitrine se change en pierre et que le château s’épanouisse. Que mon fils devienne un grand héros, maître du monde.

La construction s’acheva ainsi, et le château traversa les siècles… tout comme sa légende.

Note : Les évènements rapportés par la légende se seraient produits au début du 14ème siècle, « La construction de Skadar, ou la fondation de Skadar »,  décrits en un poème épique. La version de cette chanson, en langue serbe; a été collectée par Vuk Karadžić, écrivain, folkloriste et linguiste serbe (1787-1864), la plus ancienne version collectée de la légende et la première qui a acquis une renommée littéraire.

La chanson décrit la construction d’une forteresse sur la rivière Bojana à Skadar par 3 frères. Un des frères dut enfermer sa jeune femme vivante dans l’enceinte de la forteresse en sacrifice exigé par la vila des montagnes (une fée semblable à une nymphe, dans la mythologie slave). On croyait à cette époque qu’il était impossible de construire un grand bâtiment sans sacrifice humain.

Source : Château de Rozafa, gag.wiki

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