L’appellation « petites formes » englobe des formes de récits courts. Plusieurs genres y sont représentés dont : les dictons, les proverbes, les virelangues, les devinettes, les énigmes, les jeux de doigts, etc.

Proverbes

Le proverbe n’est pas forcément incisif ou percutant, il peut être banal, mais il est surtout générique et de portée générale. Il est fixe en langue (il forme un bloc autonome) mais peut comporter des variantes. De forme simple et rapide, il est souvent imagé, métaphorique , mais pas toujours.  Réservoir culturel de savoir-dire et processus d’acquisition du symbolique des paroles cachées, le proverbe s’inscrit parfois dans le goût qu’un peuple professe à la citation, à la périphrase et à la sagesse ancestrale. Il peut être soutien du discours, il peut donner un conseil ou porter un jugement sur une action passée, présente ou future. Le proverbe cherche souvent à déclencher chez l’interlocuteur ou chez l’auditeur, une prise de conscience.
Considéré souvent comme une marque de sagesse, le proverbe n’est pas l’apanage des seuls hommes d’expérience. On fait généralement appel à lui dans des circonstances délicates, lorsque une chose qui se passe n’est pas claire pour tout le monde. Ils « marquent les temps forts d’une communauté ; ils sont comme les arêtes vives de la pensée que le locuteur inscrit dans son discours  » (J. Cauvin) et ils peuvent jouer un rôle à la fois rhétorique, didactique et juridique.

« Au milieu des aveugles le borgne est roi. »

« Qui s’embarque sur la mer risque de se noyer. »

Devinettes

Le vrai mot français, certifié par Godefroy pour le XIIIème siècle, est devinal, devinaille, qui subsiste dans plusieurs régions ; en catalan, devinalha. Mais la plupart des folkloristes ont préféré, dans leur titre ou leur chapitre, le mot devinette, qui n’apparaît qu’au commencement du XVIIème siècle. Pour le dictionnaire, la devinette est une question dont il faut deviner la réponse.
Mais au-delà de cette première définition, c’est aussi une initiation aux difficultés de la langue. Elles participent à la transmission de la langue. En effet, au delà de sa fonction didactique, la devinette présente une structure souvent complexe, autorisant tout un jeu sur le langage et sur les niveaux de sens. Leur intérêt réside dans leur énoncé, mais également dans leur succession et leur enchaînement au cours d’une même soirée.

« Un ventre de coton, un dos de charbon,
une aiguille devant et un ciseau derrière,
qui suis-je ?

« L’hirondelle »

Énigmes

Elle est souvent utilisée au cours d’une soirée de contes ou de devinettes afin de provoquer ou de relancer la discussion entre participants. Mais à la différence de la devinette qui appelle une réponse précise, l’énigme ne comporte pas en général de solution satisfaisante. Elle engendre donc des discussions interminables et passionnées. On considère souvent que les énigmes constituent un excellent outil pédagogique pour les enfants ; au lieu de les familiariser avec le maniement des images, comme dans contes, elles les initient à la hiérarchie et au monde des valeurs sociales

« Un homme se rendait de Boussou à Soromianta en compagnie de son épouse, de sa mère et de sa belle-mère. C’était la saison des pluies, et il fallait traverser la rivière en crue, dans une pirogue. Mais lorsque les voyageurs se trouvèrent juste au millieu du cours d’eau, un crocodile arrêta l’embarcation et monta à bord. Ce fut la panique. Toi, je te laisse passer, dit le saurien à l’homme. Mais il faut me donner l’une de tes trois femmes. Si vous vous trouviez à la place de cet homme, que feriez-vous ? »

Les virelangues et vire-oreilles

Le virelangue peut être défini comme une phrase piège qui, lorsqu’on la prononce de plus en plus vite, mène à l’erreur. Cette erreur amène souvent un changement de sens qui énonce parfois un tabou. Ces pièges, préparés et programmés son conçus comme des initiations aux difficultés phonologiques de la langue…

« Pruneaux cuit pruneau cru »

« Six fûts six caisses, la main entre les caisses »

Virelangues

« Les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches archisèches ? »

Vire-oreilles

« Ton thé t’a t’il ôté ta toue ? oui mon thé m’a ôté ma toue ? »

Jeux de doigts

Théâtre corporel ou les doigts deviennent support au récit. Ces récits permettent un contact physique, médiatisé par le texte et établissent une reconnaissance de l’existence de chaque enfant par son corps. L’enfant suit avec beaucoup d’attention ce qui se passe dans sa main, et souvent continue à la fixer quelques secondes après la fin du récit. Ces jeux permettent d’établir une confiance entre le jeune enfant et l’adulte et permet une approche du récit symbolique.

Oiseau dans la littérature orale

Fonctions

Avec les jeux de doigts l’enfant, développe sa motricité fine et l’habileté de ses mains et de ses doigts. De plus, il gagne en tonus musculaire. Avec les comptines, on travaille la gestuelle et la coordination des gestes dans l’espace. Et avec les paroles, l’enfant prend conscience de son schéma corporel en désignant et en nommant différentes parties de son corps.

Pour aller plus loin

Partie 1

Partie 2

Écoutez la conférence « Les petites formes (proverbes, devinettes…) un enseignement informel » par Marc Aubaret (2008, Alès)

Ce que l’on appelle les petites formes en littérature orale sont des récits courts et souvent diffusés dans des situations d’ « à propos » ou dans des situations d’enseignement. Il s’agit en fait de dictons et de proverbes, de vire langues et de vire oreilles. Au cours de cette conférence, nous observerons les différentes utilisations de ces petites formes dans des cultures traditionnelles et nous analyserons les raisons de leur emploi, de plus en plus réduit dans notre société. Des exploitations possibles de ces formes dans les systèmes éducatifs contemporains seront envisagées.