Le répertoire du conteur contemporain: sources, tendances, intentions – Séminaire 3 – Appareil critique de l’art du conteur contemporain

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Le répertoire du conteur contemporain : source, tendances, intentions

Un art de tradition orale dans une civilisation de l’écrit

1. Les sources

Le choix de sources par le conteur peut définir des styles, des intentions, des fonctions… 3 grandes catégories peuvent être distinguées :

* Les sources traditionnelles

Ce sont les sources ethnographiques collectées avec quelle intention ?
– fidélité à un répertoire
– adaptation
– théâtralisation
– détournement

Et une interrogation sur l’art populaire : transmission, ré-appropriation, interprétation, transcription, traduction…

* Les sources littéraires

Plus de réalité dans la tradition
Respect du texte (à la virgule près ?), importance de la mise en valeur du texte
transformation en gardant la trame (voir les autorisations, droits, législation…)

* Les récits de création

Autobiographie
Récits en relation à l’histoire (ex. La Retirada- Susana Azquinezer, Peau d’âme-Gigi Bigot, Titanic-Pascal Quéré…)

2. Approfondissement de la question des sources

Reprenant les 3 grandes catégories pour analyser les conditions du choix de la source dans le répertoire du conteur contemporain.

* Les sources traditionnelles

1/ Fidélité à un répertoire

Des critères pour la lecture de l’oeuvre
Connaissance du répertoire traditionnel
Comment créer si l’on ne connaît pas l’existant ?
Tant que les outils n’existent pas, comment construire cet Art du Conte ?
tradition/transmission/adaptation

A consulter

* Les communautés de conteurs, article de Patricia Heiniger-Casteret, Ethnographiques.org n°26
« construction de justification…récupération de certaines techniques, récupération de la « filière conte » par les institutions, état des lieux avec omissions… » (…)les conteurs face au patrimoine immatériel (…) conteurs créateurs/conteurs traditionnels-transmetteurs…
Cette analyse générale nous donne des outils de réflexion pour notre travail en cours.
* « Manipulation et falsification des contes traditionnels par les cultures lettrées » , Nicole Belmont. In : ethnographiques.org, n°26, Sur les chemins du conte, juillet 2013 (Ce texte a été présenté au colloque sur les contes de Neuchâtel en 2010 et repris en partie pour les Neuvièmes Rencontres du Centre Méditerranéen de Littérature Orale (CMLO) en septembre 2012.]
* Entretiens avec des conteurs africains, article n° 674 (1999), n° 4692 (2007) sur le site africulture.com. ( adaptation du récit traditionnel)

2/ Adaptation

Comment faire entendre la culture transmise ?
Tradition : lieu de relation à la société contemporaine, quelle résonance ?
Les conteurs contemporains sont-ils encore dans la tradition ?
Question du répertoire ou de la forme

A Consulter
« L’aune du merveilleux chez les nouveaux conteurs », Françoise Reumaux. In : Communications, n°39,1984, Les avatars d’un conte, sous la direction de Claude Bremond, pp.227-238

3/ Théâtralisation
Possibilité de plusieurs personnages = écriture différente
Histoire : des pièces et /ou une mise en forme à partir de contes traditionnels
Ex : le conte de Grimm « La jeune fille aux mains coupées » trame narrative adapté par Olivier Py « La jeune fille, le Diable et le moulin » (2006)
Dans la pratique, la frontière est fine entre le conteur et le comédien : des conteurs donnent à entendre, d’autres à voir. Les conteurs traditionnels donnent à voir (langage du corps)

Le style : conteur/acteur
Il va dépendre de ce que l’on raconte : le merveilleux, le facétieux (propice à la théâtralisation) et de l’objectif que l’on veut atteindre avec le public.

4/ Détournement
Il peut inverser le sens du récit, se rapporter à la fantasmatique contemporaine (le grand méchant look/Jaulin)
Importance de la connaissance du répertoire en référence
Qualité de réécriture de l’auteur (conteur) contemporain
ex : travail de Catherine Zarcate, recherche, sens, vocabulaire et celui d’Alain Le Goff, enquête, résonance actuelle…

La notion de sources traditionnelles :
Issues de la culture populaire
Retrouver le sens premier pour permettre l’adaptation (ré-interprétation) au monde contemporain
Résonance : qu’est ce qui résonnait alors et qui résonne encore ?
Re-contextualiser le récit pour « voir où l’on en est »

* Les sources littéraires

Référence importante dans nos sociétés contemporaine scripto-centrées
Importance de la qualité du texte
Le texte prime sur l’improvisation
Recherche d’esthétique
Interprétation du texte, mise en valeur, travail de « comédien »
Beaucoup de conteurs s’appuient sur des œuvres littéraires (Luzel (collecteur), Gougaud, Perrault, Grimm, Andersen, Poe…)
Peut-on encore parler de conte ?….les médias le nomment ainsi.

Les épopées en vers, difficile d’improviser… mais il y a toujours des parts d’improvisation
Ex : Remy Boussengui dit qu’il apprend le texte…
Les 1001 nuits : tradition écrite, quelle traduction choisir ?

A consulter
Théorie de l’oralité de Milman Parry à partir de l’étude des épopées d’Homère : L’Épithète traditionnelle dans Homère. Essai sur un problème de style homérique, Paris, 1928.

L’usage des textes d’auteurs est protégé par la législation complexe sur les droits d’auteurs et des éditeurs. Le domaine public dépend de l’ancienneté de l’oeuvre et des pays (70 ans en France, 50 ans au Québec…).

* Les récits de créations

Autobiographique/historique/imaginaire

1/ Autobiographique
Mise en narration d’un parcours personnel (ex : M N’Guyen, Pépito Matéo…) au service du créatif
conteurs? comédiens?
Constat : on les appelle conteurs…c’est à considérer dans notre recherche
Engouement d’un certain public pour ces récits plutôt tournés vers la création (comme les récits de vie), de plus en plus présents dans les festivals où le conte traditionnel semble disparaître, celui-ci s’installe dans les milieux thérapeutiques (référence à la fonction du conte traditionnel)
Dichotomie entre fonction artistique et fonction sociale ?

2/ Historique
Fonction traditionnelle et contemporaine
Mise en récit d’évènements douloureux
Digestion du traumatisme

3/ Imaginaire
Entretien des grands codes créatifs (parents racontent aux enfants)
Création de l’imaginaire collectif (Yannick Jaulin, « J’ai pas fermé l’oeil de la nuit »; Catherine Zarcate, « Les fils du vent »)
Quel imaginaire ? Il demande des références communes (actuellement, toujours forte référence au Moyen-Age)
Le récit de vie, au-delà de l’individu, s’appuie sur l’histoire, l’imaginaire commun

3. Retour sur quelques points

* Le style
Comment les sources déterminent-elles un style. ?
Repérages de plusieurs facettes

Ex : : Mise en scène d’Abbi Patrix d’un conte avec conteur, danseur et quelqu’un qui signe le langage pour sourds et muets…
Pierre-Jakez Helias : mise en scène de l’Ankou

A noter que la musique peut exister en conte traditionnel

* Sources et objectifs
Choix des sources en fonction des objectifs
Conter aux personnes âgées => conte traditionnel
Conter en bibliothèque (milieu littéraire) => l’écoute du texte
Conter « en artiste » => la création sera primordiale

Les thérapeutes ne se considèrent pas comme des artistes, ils ont pourtant besoin de l’Art du conte

* Définition du conte
Difficulté à le définir actuellement
Le dictionnaire : champs de la duperie, tromperie

A consulter
*La Grande Oreille , n°55, s’interroge sur la définition du conte
*Yannick Jaulin : Conteur? Conteur, réflexion sur le travail de conteur, lire son article dans la Grande Oreille

* L’art
L’art complète les manques d’une société.
Qu’est ce que le conte apporte à l’art ? Quel besoin remplit-il qui n’est pas comblé ailleurs ? Quelle est cette spécificité qui le fait résister et exister ?
Faisons nous tous du conte ?
Revient la question c’est quoi l’Art du conte ? cet art est-il limité à la scène ?
Le conteur traditionnel conte quand il le désire, le « conteur-artiste » contemporain est souvent lié à un contrat qui définit quand et où il devra conter.

* Repère des formes
Forme et répertoire sont influencés par l’expérience de chacun…
Un essai pour repérer les formes dans le répertoire de quelques conteurs

Ces conteurs semblent passer par la tradition, d’une connaissance vers une création
Aujourd’hui les « jeunes conteurs » arrivent directement sur un travail de création. Il manque une clarification des processus et du cheminement.

* Communiquer l’intention
Difficulté d’obtenir une biographie et une intention clairement formulée auprès des conteurs.
Recenser l’existant sur le travail de tel ou tel conteur, le disponible
Nécessité de formuler une note d’intention qui permettrait aux programmateurs de choisir, au public de se diversifier. Quelle intention en fonction de quelles sources et quelle est la démarche ?

Un dossier de presse pour présenter la recherche, l’intention, l’univers du conteur, le spectacle dans l’Oeuvre, la captation de la performance …

Connaître la démarche du conteur est nécessaire au public, au journaliste, au critique. La compréhension favorisera l’intérêt (et inversement).
Le public a besoin, par ailleurs, de la référence culturelle de l’univers du conte (comme au théâtre)
L’élaboration d’un appareil critique, en donnant des outils d’analyse, favoriserait la formation des publics (scolaires, tout public…) qui pourraient parler des démarches, aller plus loin que l’écoute d’un spectacle ; devenir un public averti.
Le critique a besoin de posséder les techniques et le processus de création pour décrypter le langage de l’Art du conte.

* Retour aux sources
Quelques caractéristiques qui permettent de reconnaître des éléments de conte dans un récit de création :

Résonances symboliques
Motifs émotifs qui font mémoire
ex : Pépito Matéo reprend des motifs dans son rêve – Sans les mains…, M ichel Hindenoch dans les Ravis nous donne à entendre des contes facétieux…

A consulter
* Claude Brémond, La Logique du récit, Collection Poétique, Éditions du Seuil, 1973, « Le message narratif », Communications, 1964, n°4, p. 4–32 ( « Le meccano du conte »)

Quels sont les emprunts (même inconscients) à la tradition, injectés dans le récit contemporain ?
Le motif du loup dévorant semble rester le plus fort (intérêt du jeune public), le reste (le loup qui devient végétarien), c’est rigolo, c’est tout.

Qu’est ce qui nous rappelle la mécanique traditionnelle ? évocation, puissance du non-dit
Qu’elle est l’évolution de l’imaginaire collectif ? imaginaire des ados, les archétypes…

* Le conte
Naissance du conte : récit archaïque qui parle des problèmes permanents de l’humain et des solutions apportées par les différentes cultures (intérêt universel et particulier)
Reliance à la tradition
Porte la notion du magique
Une poétique (tradition soufi, Nasrredine nous amène toujours à la limite)
A la limite des deux univers, intérieur et extérieur (Jung éclaire ces éléments)
Il atteint l’âme d’enfant et relie l’être entier (connecte à l’émotion/déconnecte de l’analyse), dans le conte on se raconte du dedans
Au niveau des archétypes, il nous parle du collectif
Le travail de distanciation permet la prise en charge des archétypes
Ex : « Peau d’âme » de Gigi Bigot, décrit les émotions de l’enfermement sans description de l’environnement et cette transposition permet au récit d’atteindre l’universel.

A consulter
* Centre de Recherches sur l’imaginaire – Grenoble
* Dictionnaire des superstitions (vieille croyances toujours présentes)
* Revue.org : Société Française Shakespeare (SFS) ; utilisation du mythe par Shakespeare

Prochain séminaire : 19 février 2014
Exercice de vidéo-analyse pour tenter d’analyser la performance : le non-verbal au filtre de l’analyse des expressions

Détails

Date :
22 janvier 2014
Catégories d’Évènement:
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Organisateur

CMLO
Phone
04 66 56 67 69
Email
isabelle.cerrito@euroconte.org
Voir le site Organisateur

Lieu

Locaux du CMLO, 15 quai Boissier de Sauvages -30100 Alès
15, quai Boissier de Sauvages
ALES, Gard 30100 France
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