Le conteur: ses oeuvres, son oeuvre – Séminaire 2 – Appareil critique de l’art du conteur contemporain

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Le conteur : ses oeuvres, son oeuvre – Séminaire 2

Peut-on repérer des œuvres de conteur ? Comment définir le style d’un conteur ? Existe-t-il des courants repérables dans l’art du conte ? Quelle est la spécificité de l’art du conteur ?

1. L’art du conte

Quel absence remplit-il ? Quelle est la lisibilité de l’œuvre ? Que reste-t-il dans la mémoire des gens ? Quelles traces ? Des enregistrements ?

Œuvre/art
L’oeuvre est-elle définissable ? Étymologie : de opéra, opérer (mise en œuvre), résultat d’un travail.
Fragilité de l’oeuvre. L’oeuvre est questionnée, mise en travail par l’artiste. La volonté de faire œuvre n’existe pas toujours chez l’artiste.
Les œuvres des conteurs sont peu disponibles, faute de mémoire captée. Pour le public, la référence est toujours écrite ( Perrault, Grimm …)
Sur la captation, les outils, le processus de l’art du conte des « œuvres contées », le chantier est à ouvrir.

La discipline
Les troubadours semblent être les derniers à posséder une technique. Traditionnellement porté par le peuple, « l’art du conte », il apparaît nécessaire aujourd’hui d’étayer une grille de lecture et de mettre des outils en place pour repérer les processus de travail des conteurs contemporains.
La question « c’est quoi un conteur ? » reste sans réponse. Quelle est sa grammaire ? sa sémantique ?

Observer

La démarche, la forme, l’intention, les outils, le processus, la captation (de travail ou de présentation)
Oralité/oralisation : Quelle est la spécificité du conte ?

2. De l’œuvre au style

Style

Autant de conteurs, autant de styles (Catherine Zarcate, Pépito Matéo, Fred Pellerin…) ; il représente l’axe de travail (comment l’artiste se construit) et permet de suivre l’œuvre au delà de l’instant présent.

Qu’est ce qui fait style ?
(Référence est faite aux autres arts qui ont développé une lisibilité : musique, cinéma, danse, littérature…)
Le conteur n’est pas seulement un interprète il a besoin de connaître son axe; le style est au service de l’axe.
Un tour de table nous renseigne: le souffle, la musicalité, l’image, le corps (mimique…), le regard (intérieur, vers le public), le vocabulaire. On note l’importance du langage non verbal. Le corps est questionné dans la pratique du conte, il peut porter plusieurs personnages. Les conteurs traditionnels du monde rural étaient ancrés et engagés dans leur travail physique quotidien. Les conteurs contemporains ont-ils besoin de faire leurs « gammes » ?

Analyser le style
Transmission : mettre le répertoire en lisibilité pour le monde contemporain
Littéraire : au service de la beauté du texte
Performance : one man show
Discours politique : intention précise
Philosophique : pensée spécifique
Pédagogique, ethnologique,intimiste…

Quel est le choix des sources, du répertoire, d’où vient le spectacle, dans quelle lignée s’inscrit le conteur ? Le conteur peut-il être conscient de son style ? C’est une convergence entre moyens et intention.

Intention
Tout artiste a des axes de travail, un sujet récurrent. , une intention qui pourrait définir la démarche de l’artiste. Quelle est l’intention ? La repérer par le style, la scénographie, les références et les rencontres singulières qui façonnent l’artiste et son art.

Des exemples de thème récurrent sont présentés qui pourrait définir la démarche de certains conteurs et en repérer des axes :
Catherine Zarcate : la justice, Myriam Pellicane : la transgression, Catherine Caillaud : le genre,la liberté, Michel Hindenoch : la ruse, Bruno de Lasalle : le souffle épique, Jihad Darwiche : l’Orient et la poétique au sein du conflit, Michèle N’Guyen : l’autobiographie,
Il devient nécessaire pour les conteurs de présenter leur démarche même si cette présentation est rendue difficile par l’effacement du conteur au profit du conte.

Visualisation
Le cinéma a des outils de travail et d’analyse. La visualisation des images est-elle du même ordre au cinéma et quand on écoute une histoire ou qu’on la raconte ? Comment les images se créent-elles ? Le conte, « cinéma du pauvre » ? ou « cinéma du riche » ? Art non verbal, il projette au public une image et chacun a la sienne propre ; D’où l’importance de la qualité de l’image rendue sensible par le corps. La poétique de l’image passe par les sens. Il s’agit d’un non verbal dans une cohérence narrative.

Composition/écriture
Peut-on repérer une forme spécifique ?
Phrases courtes, une phrase=une idée, rythme, parlé/chanté…
Adaptation de la composition en fonction de la nature des contes (conte merveilleux/longue phrase, conte facétieux/phrasé court et rapide…), des médias (radio, théâtre, enregistrements sonores…)

Espace de narration
Mise en scène : « tout objet placé sur la scène est mis en scène ».
Le conteur met en scène le récit (rue, scène, relation frontale ou en cercle…) et choisit la mise en espace de sa prestation (debout, assis, fond noir, lumière, face public…)
3 éléments à retenir : mise en espace, mise en scène, direction d’acteurs

Choisir
Contrairement aux soirées contées traditionnelles où le conteur choisissait de conter ou pas, le conteur actuel est dans l’obligation de la performance (vous contez quoi aujourd’hui?). cela le pousse à trouver sa place sur scène, s’approprier l’espace et tenir compte de sa relation au public tout en gardant la présence centrale du conte en s’effaçant derrière lui.

Le contrat narratif : pour quoi, pour qui raconte-t-on ?
Transmission et mémorisation : orphelin de transmission le conteur contemporain trouve principalement son inspiration dans les livres ce qui tend à porter une attention particulière à l’esthétique.

Les programmateurs
Leurs attentes, leurs intentions, leur connaissance de la discipline. Leur pouvoir est grand tant que le cadre « conte » n’est pas défini.

Critique
Mise en lisibilité du fonds commun de l’Art
L’appareil critique apparaît nécessaire pour suivre la progression du conteur (retours féconds)
La base de l’appareil critique réside dans ses critères – style, promotion, accueil, présentation du conte…- pour aller plus loin que les critères de l’apprentissage (faire l’image, logique, cause/conséquence)

Nécessité de la formation à la critique, de la confrontation (ex : La Grande Oreille ; rubrique critique à créer), d’une possibilité de découverte pour les « non » amateurs.
Une grille critique semble nécessaire pour différencier  l’art de l’artisanat, l’artiste conteur de l’animateur conteur. ..

Construction d’une grille 
Des codes de réflexion sur cet art du conteur
Intention : les repérer
Outils : naturels, artificiels
Style : à quel style cela renvoie-t-il ?
Enfin, quels sont les points communs qui pourraient donner une définition du conteur.

D’où
Construire une première grille « imparfaite » ; questionnements, repères
Confronter avec le terrain
Affiner les détails : scénographie, gestuelle, outillage…

Etaient présents : Emilie Rossignol, Véronique Aguilar, Gile Crépin, Anne Dambrin, Françoise Diep, Pascal Dubois, Anne Gomez, Marie-Thérèse Le Pabic, Pascal Quéré, Luigi Rignanese, Anne Wang, Catherine Caillaud, Patricia Bonato, Danielle Durieux, Evelyne David, Marc Aubaret

Prochaine rencontre : mercredi 22 janvier 2014 : Le répertoire, les sources

A consulter : « Anthropologie du geste », Marcel Jousse, Paris Gallimard, 1974, Tome 1

Détails

Date :
11 décembre 2013
Catégories d’Évènement:
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Organisateur

CMLO
Phone
04 66 56 67 69
Email
isabelle.cerrito@euroconte.org
Voir le site Organisateur

Lieu

Locaux du CMLO, 15 quai Boissier de Sauvages -30100 Alès
15, quai Boissier de Sauvages
ALES, Gard 30100 France
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