
LE DRAGON.
Une riche figure de l’histoire de notre imaginaire
Dragon.
Du réel à l’imaginaire :
Pour les gréco-latin, comme l’hydre grec, (draco en latin) le terme de Dragon recouvre de grands serpents bien réels. Aristote parle de serpents « dragons » comme des animaux bien réels et Pline décrit la lutte du « dragon et de l’ « éléphant » comme celle d’un serpent immense et du plus gros animal terrestre.
Dans le domaine linguistique indo-européen, l’inspiration légendaire semble nous parvenir de l’Inde.
Des auteurs arabes anciens nous disent que quand le grand serpent atteint cent ans d’âge, alors il devient un dragon.
Bien souvent la description du dragon échappe au réalisme : par sa taille tout d’abord, et par des éléments de son anatomie supposée qu’il emprunte à d’autres animaux. Ses griffes d’aigle ou de lion, la crête sur son dos et ses écailles de crocodile, avec ses ailes de chauve-souris il compose un assemblage chimérique.
Ces descriptions semblent le lier au quatre éléments terre (serpent, lion) eau (serpent aquatique, crocodile), air (chauve-souris). Maquait le feu, défaut auquel supplée un gueule qui jette des flammes.
{…} déjà le dragon, fasciné par l’incantation, relâchait la longue échine de ses spires nées de la terre et étendait ses anneaux innombrables, telle, sur une mer nonchalante, une vague noire roule sans force et sans bruit. Toutefois il levait encore bien haut sa tête horrible, cherchant à les engloutir tous dans ses mâchoires de mort. Mais elle (Médée) avec un rameau de genévrier fraichement coupé qu’elle trempait dans une mixture, elle aspergeait ses yeux de drogues efficaces tout en chantant des formules magiques et l’odeur pénétrante qui enveloppait de tous côtés lui apportait le sommeil. Il laissa tomber sur place sa mâchoire, tandis que ses anneaux immenses étaient étendus de tous leur long, au loin par derrière, a travers l’épaisse futaie.
Apollonios de Rhodes, Argonautiques, chant IV (Trad E. Delage)
Dans l’Antiquité, le dragon est parfois polycéphale. La bête de l’Apocalypse et ses sept têtes deviendra au Moyen-Âge le symbole du démon.
Dans les contes et les légendes, le héros, bien souvent doit vaincre un dragon. Ce combat est souvent interprété comme la lutte entre le Bien et les Mal. Il anime l’imaginaire chrétien – et fournit à l’iconographie un riche répertoire d’images, en sculpture puis en peinture. Ces représentations ont traversé les siècles, en partie grâce aux traditions orales des contes.
[…] Aux portes de la ville il y a une haute montagne où habite un dragon : tous les ans il faut lui donner une vierge, faute de quoi il dévaste tout le pays. Or on lui a déjà livré toutes les vierges et il ne reste plus personne que la fille du roi ; mais il n’y a pas de grâce possible et elle doit lui être livrée ; et cela se fera demain. Le chasseur dit –« Pourquoi ne tue-t-on pas le dragon ? » – « Ah répondit l’aubergiste, tant de chevalier ont essayé, mais ils l’ont tous payé de leur vie : le roi a promis sa fille en mariage à celui qui vaincra le dragon, et après sa mort il héritera aussi du royaume.
[…]
Très peu de temps après, le dragon a sept têtes s’en vint au milieu d’un grand tumulte. A la vue du chasseur, il s’étonna et dit : « Que vient-tu faire sur cette montagne ? » Le chasseur répondit « Je veux me battre avec toi » Le dragon dit « Plus d’un chevalier y a laissé sa vie, je viendrai bien à bout de toi aussi » et il se mit a souffler le feu par ses sept gueules. Le feu devait faire flamber l’herbe sèche, et le chasseur serait mort étouffé dans la fumée du brasier, mais ses animaux accoururent et piétinèrent le feu.
Jacob et Wilhelm Grimm, Contes “les deux frères » Traduction. Marthe Robert
A SUIVRE.






