
BRÉSIL
La légende du manioc
LITTÉRATURE ORALE DU BRÉSIL
La légende du Manioc
Légende recueillie dans la province de Para dans la nation Tupis :
Dans les temps anciens, régnait un puissant chef sur le territoire où s’élève aujourd’hui la ville de Santarem. Un homme blanc lui apparut en songe.
Quelque temps après, une princesse, sa fille, donna le jour à une petite fille extrêmement jolie et tout-à-fait blanche de peau : ce qui causa la plus vive admiration, non seulement dans la tribu, mais chez les nations voisines qui vinrent visiter l’enfant appartenant à cette race blanche, alors complètement inconnue.
La petite fille reçut le nom de Mani ; elle marchait et parlait bien avant les autres enfant de son âge; mais, au bout d’un an, elle mourut sans avoir éprouvé la moindre maladie.
On l’enterra au milieu de la case; et chaque jour on arrosait la fosse, selon l’usage de la tribu.
Au bout de quelque temps une plante sortit du tombeau de l’enfant; elle était inconnue; on eut soin de ne pas l’arracher. Elle grandit, fleurit et donna des fruits. Les oiseaux qui mangèrent ces fruits parurent enivrés; ce phénomène, nouveau pour les habitants, augmenta leur admiration pour la plante.
Finalement, la terre s’entrouvrit dans la case ; on creusa et on retira d’énormes racines qu’on regarda comme le corps de Mani. On mangea ces racines après les avoir fait cuire.
Et c’est ainsi que, pour la première fois, on fit usage du manioc (Manioca en Tupi). Ce mot fut donné à la plante en souvenir de Mani ; il signifie dans la langue Tupi, demeure (ou transformation) de Mani.
Le fécule du Manioc (Manihot Utilissima) encore humide et projetée sur des plaques chaudes, forme des grumeaux qui deviennent durs et qui ont reçu improprement en France le nom de Tapioca : c’est une faute d’orthographe, le mot véritable devait être, sinon Manioca, du moins Tupioca, du nom des indigènes de l’ancienne nation des Tupis qui, probablement ont été les inventeurs de ce produit de conserve.
Et nous croyons devoir ajouter, que c’est un Français, M. Groult, qui, le premier, a eu l’idée, il y a environ trente cinq ans, de faire confectionner une machine pour concasser le tapioca dont les grumeaux, tels qu’ils étaient importés au Brésil, cuisait irrégulièrement et étaient presque immangeables.
M. Groult avait consulté son père et c’est la maison Lapostolet et Certeux qui a le plus contribué à faire connaître et à répandre le produit si connu aujourd’hui et si universellement estimé.
A. Certeux. (Source : Revue des traditions populaires N°7 1887.)
Bibliographie générale sur la littérature orale du Brésil
Muzart-Fonseca dos Santos Idelette.
A la croisée des mémoires. Chant traditionnel et récit de vie au Brésil* – In Cahiers de littérature orale N°41 1997 p 181.
Romero Sylvio.
Cantos Populares do Brasil, I Edition commentée par Luis da Câmara Cascudo, Rio de Janeiro, José Olympio, 1954.






